Association humanitaire Akamasoa : le bilan 2016

Publié le par Vendée-Akamasoa

"Chers amis, Nous achevons l’année 2016 et nous voulons partager avec vous de par le monde, nos joies et nos tristesses dans notre Action Humanitaire Akamasoa. C’est vrai que nous devons être optimistes et positifs, et nous le sommes réellement, puisque nous entamons cette année la 28e année de combat contre la pauvreté à Madagascar. Mais notre esprit animé par l’espérance ne doit pas non plus nous empêcher de dire à nos bienfaiteurs la vérité sur ce que nous vivons au jour le jour dans la région où nous travaillons, ainsi que dans tout le pays.

Les projets et travaux que nous avons réalisés à Akamasoa durant l’année 2016 ont été très nombreux, et dans tous les domaines. A l’intérieur de notre Association, en effet, nous pouvons dire que l’esprit et l’effort pour être vrai, travailler, envoyer les enfants à l’école et les éduquer, sont très forts. Mais à chaque rentrée d’école, nous sommes toujours obligés, par exemple, d’aller dans tous les villages pour convaincre une nouvelle fois les parents de la nécessité d’envoyer leurs enfants à l’école. Dans ce domaine de l’éducation justement, le Gouvernement, cette année encore, nous a octroyés la prise en charge des salaires de 90 enseignants Akamasoa. Tous les résultats de nos écoles furent bons, sauf ceux du BEPC, qui se sont révélés très mauvais et cela pour la première fois. Nous ne savons l’expliquer. 100% de réussite au CEPCE, autour de 80% pour le bac, et cet examen du BEPC, tombé autour de 25%. Du jamais vu.

Quant à l’accueil des plus pauvres de la rue et des aides quotidiennes que nous partageons à ceux qui n’ont rien mais qui n’habitent pas à Akamasoa, il fut encore très sollicité.25 845 sont passées par notre Centre d’Accueil. A cause de cela, nous avons du faire une extension du bâtiment, qui, à l’heure où je vous écris, abrite 525 personnes. C’est-à-dire, 525 personnes qui mangent matin, midi et soir car elles n’ont nulle part où aller, et qui pour 70% sont des enfants et des mères seules. Nous avons aussi refait de nouvelles latrines, de nouvelles douches et de nouveaux réservoirs d’eau, puisque tout cela est d’une importance capitale. Et nous projetons de faire une nouvelle extension l’année prochaine.

Quant aux ouvriers qui travaillent à Akamasoa, nous avons du réduire notre groupe de maçons, les invitant à aller travailler à l’extérieur. La sécurité à Akamasoa est stable, mais nous restons sur nos gardes. Tous les hommes qui travaillent pour la sécurité et la garde des villages ne diminuent pas ; au contraire, nous essayons d’augmenter et de consolider leur nombre. C’est à ce prix que nous tenons nos villages à l’écart de tant de vols, de la drogue et de la prostitution.

Les problèmes relatifs à l’eau potable persistent. Certes, la ville nous fournit l’eau potable. Mais certains mois, l’eau n’arrive pas à notre centre le plus important de Manantenasoa, et nos gens sont obligés de faire 4 km pour amener avec beaucoup de peine 20L d’eau. Et à cause de la queue qu’elles doivent faire durant la journée, de nombreuses familles sont forcées de s’approvisionner en eau durant la nuit. La conséquence c’est que les enfants dorment dans les classes, ou que les parents devant aller travailler le lendemain sont très faibles. Nous sommes quand même étonnés que ce problème de l’eau et de l’électricité, pas seulement chez nous mais dans la capitale, persiste. Sans l’eau potable et l’énergie, le progrès est vraiment difficile.

Avec nos réunions de villageois, nos prières, les réunions de parents d’élèves, nous essayons de tenir haut le courage et l’envie de se battre, de continuer ce combat pour la survie, en attendant des jours meilleurs. Ce qui est visible aux yeux de tout le monde, c’est que quand la pauvreté ne diminue pas, elle stagne, et quand elle stagne, elle s’enlise dans la vie quotidienne. On sent la morosité dans la vie de tous les jours. La nervosité, en ville, des chauffeurs de taxi be, des gens fatigués d’attendre et de respirer la fumée des pots d’échappement qui roulent toute la journée en 1ère vitesse. On sent aussi ce manque de protection du bien commun : routes, trottoirs, caniveaux. Tout est dans un état délabré, et personne ne réagit pour reconstruire ces choses abîmées.

Nous avons eu cette année un grand événement, c’était le Sommet de la Francophonie, dont tout le monde attendait un écho positif, sauf l’opposition bien sûr. Notamment plus d’investisseurs. Plusieurs pays, durant ce sommet, ont manifesté le souhait de coopérer pour le développement avec Madagascar.

La richesse de notre association, ce sont nos enfants. Et les enfants à Akamasoa sont devenus de vrais enfants. Ce sont eux dans nos villages, nos rues et nos espaces communautaires, qui nous donnent la joie de vivre, de continuer de nous battre pour eux. Des enfants heureux de vivre et d’exister, de manger à leur faim, d’avoir un logement : voilà le moteur pour les parents et nous les responsables de l’association, qui nous permet de continuer de construire notre ville avec amour, justice et fraternité.

A la suite, nous voulons partager avec vous les projets réalisés cette année.

Réalisations 2016 :
Construction : 114 logements à Antananarivo – 4 écoles de 10 salles de classes à Andralanitra, Mahatsinjo, Mahatazana, Antolojanahary – 2 maternités à Manantenasoa et à Kimony (Morondava), avec une maison pour la sage femme – 1 maison d’accueil à Ranomafana – 1 école de 2 salles de classe pour l’EPP d’Ikianja, avec une salle pour le préscolaire – 16 maisons provisoires en bois à Mangarivotra – terrain de jeu mini foot à Tsaramasoandro ; Routes et murs : murs de soutènement à Lovasoa, Bemasoandro – ruelle en béton de 100 m à Bemasoandro avec caniveau – ruelle de 100 m à Mangarivotra –ruelles à Tsaramasoandro avec caniveau – route pavée à Bemasoandro – bitumage de 1.318 m2 de la cour de l’école primaire de Mahatazana et au centre d’accueil ; Réhabilitation : route pavée à Bemasoandro – du terrain de foot à Bemasoandro en pelouse synthétique – enduit de 140 logements à Mahatazana, Mangarivotra, Mahatsara, Cité Andralanitra – ; Aménagement : élargissement du centre d’accueil à Mangarivotra et 36 latrines avec douches – transformation en mezzanine du magasin de stockage à Andralanitra, construction de terrasse et garde fou, réhabilitation d’une maison avec construction de 3 toilettes à fosse sceptique pour les hôtes – pose des panneaux solaires à la maternité de Morondava, à Tsiroanomandidy, Imeritsiatosika (Collège des sœurs), CSB II à Itasy, à Sainte Marie, 7 CSB II à coté de Pangalane (Tamatave) ; Maintenance d’une centrale hydroélectrique et solaire à Ampasimaneva, à Itampina. Installation de centrale solaire en hybride à Akamasoa 80 kwc. Confection : 1300 tables bancs pour les écoles, 60 lits pour le centre d’accueil ; Eau : 4 forages de 18 m de profondeur à Antolojanahary, Mahatsara, et à Morondava avec citernes d’eaux – 2 puits d’eau à Ambohimalaza ; Forêt : pépinière de 200.000 arbres à Alatsinainy (Mahatsara) – reboisement de 10.000 arbres à Antolojanahary – production de 320 kg de spiruline à Mahatsara.

Projets 2017 :
Construction : 80 logements – Hostel pour les visiteurs d’Akamasoa – 10 salles de classe + véranda – nouvelle école primaire à Andralanitra – Bibliothèque pour l’Ecole Supérieure – lavoir communautaire à Lovasoa – 50 latrines et 50 douches ; Routes et murs : route pavée d’1 km – et canal avec murs de soutènement pour canaliser eau des pluies et un pont de 5m de longueur – traçage d’un sentier dans la montée de Lovasoa ; Aménagement : extension et fermeture du stade de basket ball Andralanitra – extension et élévation du centre d’accueil Mangarivotra – aménagement de 4 mini-terrains de football et basket et handball – achat d’un nouveau terrain pour l’extension du cimetière – extension du marché Manantenasoa ; Eau : forage et adduction d’eau potable dans les villages d’Ambaniala, Manantenasoa, Mahatsara – 3 réservoirs d’eau ; Réhabilitation : enduit de 100 logements dans les quartiers de Cité Akamasoa – réhabilitation du village Ambaniala – réhabilitation de 80 maisons à Lovasoa ; Reboisement : plantation de 20 000 arbres.

Chers amis d’Akamasoa, vous qui nous avez supportés, aidés, encouragés pendant tout ce temps avec vos dons réguliers, nous ne pouvons que vous souhaiter beaucoup de santé et de joie, puisque vous nous avez permis d’évoluer, de progresser et de donner à 13 500 enfants un avenir, à 1 millier de vieillards une fin de vie digne, et à 3000 parents un travail quotidien pour que dans la dignité ils puissent faire vivre leur propre famille.

Comme tous les citoyens de ce grand pays, nous attendons qu’il y ait un décollage économique, car sans cela nous allons tomber dans une plus grande insécurité et un plus grand désespoir. Mais nous ne croyons pas que cela arrivera. Car après le Sommet de la Francophonie, le gouvernement a fait une réunion des pays amis de Madagascar à Paris, et ils ont eu des promesses d’aide très importantes. Autour de 10 milliards de dollars. Il est vrai que si cet argent était utilisé pour les grandes œuvres, les routes, l’aménagement du territoire, la construction de nouveaux hôpitaux, d’écoles et pour le bien commun, beaucoup de gens auraient un travail, et avec un travail régulier tout le monde commence à respirer calmement, retrouve la tranquillité nécessaire pour fonder une société plus juste, une société où tous les citoyens ont leur part de soleil et de richesse nationale. Ce pays a plein de richesses et c’est une contradiction qui crie au ciel que de voir plus de 70% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté.

La politique politicienne a terrassé ce pays, l’a fait entrer dans un labyrinthe sans issue. Il y a un manque de solidarité fondamentale quand il s’agit du bien commun de tous les citoyens de Madagascar. Il ne devrait pas y avoir de zizanie, de bagarre pour les privilèges ou pour se tailler, dans des projets importants, la part du lion pour quelques groupes déjà riches dans ce pays.
La corruption est toujours trop étendue, elle sape les fondations mêmes de la vie de la nation tout entière, et sur ce domaine là, il faut réagir, et tout de suite. Nous pensons que le gouvernement avec la communauté internationale, vont pouvoir restaurer l’ordre, l’Etat de droit, la justice sociale, afin que tous les citoyens de Madagascar puissent bénéficier du minimum nécessaire pour vivre dignement.

Nous l’avons fait à une échelle de quelques milliers de personnes avec nos petits moyens. L’Etat peut le faire à l’échelle nationale avec toutes les aides qu’il va recevoir l’année prochaine. Nous espérons ainsi pouvoir vous donner de meilleures nouvelles l’année prochaine, que le pays redémarre, a retrouvé la confiance, a éradiqué un peu plus la corruption et la pauvreté.
Chers amis d’Akamasoa, sachez que nous prions pour vous et que vous êtes très souvent présents dans la prière de nos enfants. Nous sommes aussi heureux de recevoir tous les dimanches et pendant la semaine des centaines de visiteurs qui viennent nous encourager et qui repartent heureux de voir nos enfants qui vont à l’école, ne mendient pas, ont un visage radieux et de paix.

Nous ne pouvons pas finir ce rapport sans partager avec vous la triste nouvelle de la mort de Mlle Honorine Rasoamanalina vice-présidente d’Akamasoa, qui était assassinée par son propre neveu, le 20 mai 16. Elle est morte en martyre. Elle restera vivante dans le cœur de tout le peuple d’Akamasoa par son amour, son sourire et son courage.

Chers bienfaiteurs, joyeux Noël, cette fête du partage, d’amour, de solidarité sans frontières. Dieu se fait un de nous pour épouser notre condition humaine et pour que nous puissions devenir plus riches par son amour, et ensuite travailler pour nos frères. Frères et sœurs des 5 continents, bonne et heureuse année 2017."

Père Pedro

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