Tempête sociale et politique
Une autre tempête inquiète tout autant le père Pedro, sociale et politique celle-là, car à Madagascar, si les cyclones sont monnaie courante, les dernières décennies (indépendance en 1960, puis l’expérience socialiste de la Première République jusqu’en 1991, et les politiques des années suivantes) ont été tout aussi mouvementées. Le chef de l'État actuel est Hery Rajaonarimampianina élu au suffrage universel direct le 20 décembre 2013, premier président de la IVe République de Madagascar, qui a succédé à Andry Rajoelina, président de la Haute Autorité de la transition. La passation de pouvoir a eu lieu 25 janvier 2014 : « Nous avons un nouveau Premier Ministre, on espère que les choses vont bouger un peu plus vite pour trouver des solutions rapides à tant de drames sociaux, sinon ce sera le chaos total ! », présage le père Pedro, qui s’en prend également à certaines ONG humanitaires : « Malgré les sommes impressionnantes mises en jeu, combien d’enfants l’UNICEF a-t-elle sorti de la rue ? » s’insurge-t-il, très en colère, mais dont le dévouement pour Madagascar et les pauvres d’Akamasoa, tout comme le résultat de ses actions localement, l’autorise à porter un regard critique sur l’île qui l’a accueilli depuis des années : « À mon arrivée dans la région d’Akamasoa, la violence et l’indifférence régnaient notamment à la décharge. Aujourd’hui, ils sont 25.000 personnes à travailler dans ce secteur et vivre en harmonie alors que le pays s’installe aussi dans le chaos. Que les politiques viennent ici et arrêtent la langue de bois, je crois qu’ils ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare de la population qui ne croit plus en eux », estime le père Pedro : « Avec 9 Malgaches sur 10 sous le seuil de pauvreté, la situation est explosive. Pourtant dans cet embouteillage de la pauvreté, il faut continuer à s’entraider et se comprendre pour travailler ensemble, nous, l’Etat et la société civile. J’espère malgré tout en la force de la jeunesse, à condition toutefois qu’elle ne se calque pas forcément non plus sur le tout consommation ».